La vie est monstrueuse, infinie, illogique, abrupte et poignante ; une oeuvre d’art en comparaison est nette, limitée, autonome, rationnelle, fluide et émasculée. La vie s’impose par son énergie brutale, tel un coup de tonnerre inarticulé : au milieu du pire fracas de l’expérience, l’art attire l’oreille, telle une mélodie produite par un musicien discret. (…) Le roman — qui est une oeuvre d’art— existe non par ses ressemblances avec la vie, inévitables et matérielles comme une chaussure est faite de cuir, mais par son incommensurable différence avec elle, différence délibérée et significative, constitutive de la méthode et du sens de l’oeuvre.
R.L Stevenson – Essais sur l’art de la fiction